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Lot 18

FRANCIS PICABIA
(1879-1953)
Salaganes

30 April 2025, 14:00 CEST
Paris, Avenue Hoche

€150,000 - €200,000

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FRANCIS PICABIA (1879-1953)

Salaganes

signé 'Francis Picabia' (en bas à droite) ; inscrit 'Salaganes' (en haut à gauche)
huile sur toile
Peint circa 1932

signed 'Francis Picabia' (lower right) ; inscribed 'Salaganes' (upper left)
oil on canvas
Painted circa 1932

55 x 65.5 cm.
21 5/8 x 25 13/16 in.

Footnotes

L'authenticité de cette œuvre a été confirmée par le Comité Picabia.

The authenticity of this work has been confirmed by the Comité Picabia.

Provenance
Collection Daniel Martin.
Collection particulière, Paris (acquis auprès de celle-ci en 1946).
Collection particulière, Paris (par descendance en 1995).
Collection particulière, Paris (par descendance en 2008).

Bibliographie
B. Calté, W.A. Camfield, C. Clements & A. Pierre, Francis Picabia : Catalogue Raisonné, vol. III, 1927-1939, Bruxelles, 2019, no. 1246, (illustré p. 287).


Au cours des années 1930, Francis Picabia traverse une période charnière de sa carrière artistique. Après avoir été l'un des grands instigateurs du mouvement Dada, figure majeure de l'avant-garde internationale et provocateur de génie, Picabia opère un virage stylistique aussi radical que fascinant. Il s'éloigne des expérimentations mécaniques et abstraites de la décennie précédente pour se consacrer à une série d'œuvres énigmatiques et poétiques : les "Transparences".
Cette nouvelle phase, amorcée dès la fin des années 1920 mais pleinement développée dans les années 1930, témoigne d'une volonté de synthèse entre figuration, symbolisme et spiritualité. Picabia superpose dans ses toiles des images empruntées à des sources variées — photographies, peintures anciennes, sculptures classiques — dans une composition complexe et fluide, où les formes semblent flotter les unes à travers les autres. Ces figures diaphanes, souvent féminines, se croisent sans se heurter, créant des effets visuels proches du rêve ou de la vision intérieure.
Par leur nature onirique, leur ambiguïté symbolique et leur ouverture à l'inconscient, les "Transparences" entrent en résonance avec l'univers du surréalisme. On y retrouve une esthétique du mystère, une logique de l'association libre, ainsi qu'une attention à la dimension psychique de l'image. Toutefois, Picabia ne rejoint jamais formellement le mouvement surréaliste. Fidèle à sa posture d'artiste indépendant et irrévérencieux, il se tient à distance des manifestes et des dogmes, préférant une liberté totale d'expression.

Une anecdote célèbre illustre bien cet esprit frondeur et irrévérencieux : un jour, alors que Paul Éluard tentait de le convaincre de signer un texte collectif du groupe surréaliste, Picabia lui aurait répondu, amusé : « Je préfère encore signer un chèque en blanc. » Une réplique cinglante qui résume à merveille son refus de toute orthodoxie, même parmi les avant-gardes les plus radicales.
Installé à Paris, mais également souvent à Mougins sur la Côte d'Azur, Picabia développe une œuvre profondément personnelle, à contre-courant des conventions artistiques de l'époque. Les "Transparences" sont à la fois un aboutissement de ses recherches antérieures et une réponse singulière aux incertitudes de l'époque : la montée des tensions politiques, le désenchantement post-Dada, et la quête d'un nouveau langage pictural.
Par leur finesse plastique et leur profondeur symbolique, ces œuvres occupent une place unique dans l'histoire de la peinture moderne et peut-on le dire ? surréaliste. Elles témoignent de la capacité de Picabia à se réinventer, fidèle à lui-même dans son refus des classifications, et dans sa quête inlassable d'un art libre, intérieur et vivant.

Les salanganes - et non pas Salaganes , erreur de français que nous ne pouvons reprocher à l' espagnol Picabia - sont des oiseaux migrateurs, rapides, insaisissables, qui évoluent dans les airs avec une grande agilité. Ce motif renvoie à une forme de liberté pure, d'élan vital, de mouvement intérieur — autant de valeurs chères à Picabia à cette époque, alors qu'il cherche à dépasser le matérialisme de l'avant-garde mécanique pour explorer des zones plus intuitives, psychiques, spirituelles. Ce Thème révèle un goût pour une poésie visuelle rare, exotique, légèrement mélancolique. L'oiseau devient alors une métaphore du geste créateur, libre, fluide, insaisissable — à l'image de l'artiste lui-même. Cet oiseau très présent, accentue l'idée de superposition des plans, de visions fugitives, de passages d'un monde à l'autre ; un aspect proche du rêve, du subconscient, qui dialogue avec les préoccupations surréalistes, sans s'y soumettre totalement. Cet oiseau insaisible virevolte a travers ces deux vieillards faisant volte-face au temps qui passe, à l'âge , la vieillesse et par conséquent l'éternelle jeunesse .

Cette œuvre, jamais vue sur le marché est parfait exemple, si ce n'est le plus frappant de l'évolution, de la liberté, de l'émancipation de Picabia d'un point de vue stylistique, onirique et pour finir surréaliste.



During the 1930s, Francis Picabia entered a pivotal phase in his artistic career. After being one of the leading instigators of the Dada movement—a major figure of the international avant-garde and a brilliant provocateur—Picabia undertook a stylistic shift that was as radical as it was fascinating. He moved away from the mechanical and abstract experiments of the previous decade to focus on a series of enigmatic and poetic works: the "Transparencies."

This new phase, initiated in the late 1920s but fully developed throughout the 1930s, reflects a desire to synthesize figuration, symbolism, and spirituality. In these works, Picabia superimposes images drawn from a variety of sources—photographs, classical sculptures, Old Master paintings—into complex and fluid compositions where forms appear to float through one another. These diaphanous figures, often female, intersect without colliding, creating visual effects evocative of dreams or inner visions.
By their dreamlike nature, symbolic ambiguity, and openness to the unconscious, the "Transparencies" resonate with the world of Surrealism. They reveal an aesthetic of mystery, a logic of free association, and a sensitivity to the psychic dimension of the image. However, Picabia never formally aligned himself with the Surrealist movement. True to his position as an independent and irreverent artist, he kept his distance from manifestos and dogmas, preferring absolute creative freedom.

A famous anecdote perfectly illustrates this rebellious spirit: one day, when Paul Éluard attempted to persuade him to sign a collective Surrealist statement, Picabia reportedly replied, amused, "I'd rather sign a blank cheque." A cutting response that brilliantly encapsulates his rejection of all orthodoxy, even among the most radical avant-garde circles.
Based in Paris but often residing in Mougins on the French Riviera, Picabia developed a deeply personal body of work that ran counter to the artistic conventions of the time. The "Transparencies" are both the culmination of his earlier explorations and a unique response to the uncertainties of the era: the rise of political tensions, the post-Dada disillusionment, and the search for a new pictorial language.

Through their visual delicacy and symbolic depth, these works hold a singular place in the history of modern—and arguably Surrealist—painting. They stand as a testament to Picabia's ability to reinvent himself, remaining faithful to his own principles: a refusal of categorization and an unrelenting pursuit of an art that is free, internal, and alive.

The salanganes—not Salaganes, a French mistake we cannot hold against the Spanish-born Picabia—are migratory birds: swift, elusive, and agile in flight. This motif alludes to a form of pure freedom, vital impulse, and inner movement—values that were particularly dear to Picabia at the time, as he sought to move beyond the materialism of the mechanical avant-garde and explore more intuitive, psychic, and spiritual realms.
This theme reflects a taste for rare, exotic, and slightly melancholic visual poetry. The bird thus becomes a metaphor for the creative gesture itself ; free, fluid, elusive, mirroring the artist's own nature. Its recurring presence reinforces the idea of layered planes, fleeting visions, and transitions between worlds; an element that evokes dream states and the subconscious, in dialogue with Surrealist concerns, though never fully submitting to them.
In one particularly striking work, the elusive bird flits between two elderly figures, who seem to turn their backs on the passage of time, aging, and ultimately, mortality—reaffirming instead a sense of eternal youth.

This painting, never before seen on the market, stands as a perfect—if not the most striking—example of Picabia's evolution, freedom, and emancipation from a stylistic, dreamlike, and ultimately Surrealist point of view.

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